dimanche 15 février 2015

Ndoye : “L’Afrique est très jeune et les jeunes en ont marre”

Ndoye : “L’Afrique est très jeune et les jeunes en ont marre”


“Les révoltes du Maghreb s’étendent petit à petit au reste du continent. Je ne sais pas comment, mais 60 % de la population africaine a moins de 25 ans, il y a beaucoup de besoins et la jeunesse est parfois imprévisible.” Le professeur Amadou Ndoye prédit ainsi que le printemps arabe n’a toujours pas dit son dernier mot en Afrique.
Alicante, 26 de mayo de 2011(Guin Guin Bali)- José Naranjo
Amadou Ndoye, professeur de Langue et Littérature Espagnoles, à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Cheikh Anta Diop de Dakar, visitait ce mercredi Alicante pour participer aux journées de la Fête de l’Afrique, organisées par le collectif ÁfricAkí (traduire : AfriqueIci) en collaboration avec Camon. Une fois de plus, il a étalé sa sagesse devant un public adonné.
À son sens, il y a déjà des agitations de jeunes dont la référence est la place Tahrir du Caire. “Au Burkina Faso, les jeunes ont mis leur président en de sérieux embarras et au Sénégal, un fort mouvement juvénile revendique des amélioration dans la rue”, a-t-il ajouté.
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Amadou Ndoye. Foto: youtube.es
Dans ce sens-là, il a dit : “60 % de la population africaine a moins de 25 ans et il y a beaucoup de besoins dans le continent : l’emploi, les autoroutes, la santé, l’éducation... Et les jeunes veulent tout maintenant. Pour cela, plusieurs gouvernements se demandent ce qui va se passer et suivent avec attention ces mouvements juvéniles, parce que, comme il a été démontré en Espagne, la jeunesse est parfois imprévisible.”
Il a cité, par exemple, le cas du groupe sénégalais de rap Y’en a marre, qui a été capable de mener un mouvement de protestation éponyme, attirant des milliers de jeunes. “Le rap fonctionne de façon extraordinaire au Sénégal. Nous avons plus de 3 000 groupes pour 12 millions d’habitants”, a-t-il poursuivi.
Ainsi, le professeur Ndoye a lié les protestations de plusieurs jeunes africains à cette passion pour le rap et le hip-hop. “En Afrique, la tradition orale est très importante ; c’est l’origine de notre littérature. Or, le rap est oral, pour cela il cartonne”, a-t-il dit.
L’intervention de Ndoye s’est axée sur la littérature africaine, un champ où il est un vrai connaisseur. Ses références constantes à des auteurs du continent et de la diaspora, ses connexions constantes avec l’Europe, l’Afrique et l’Amérique, les anecdotes et exemples qu’il introduisait tout au long de la causerie, l’interaction entre histoire et littérature, l’exposition des paris de la création littéraire africaine et, enfin, sa capacité de transmettre tout cela de manière amène ont fait de la conférence de Ndoye une occasion très spéciale lors de ces journées sur l’Afrique.
Cependant, les moments les plus émouvants sont arrivés quand le public a pris la parole pour remercier Ndoye pour sa présence à Alicante. Parmi eux, un ancien étudiant du professeur, qui a rappelé la devise de l’Université Cheikh Anta Diop, Lux Mea Lex – La Lumière est Ma Loi –, pour affirmer que Ndoye avait illuminé, ce mercredi, de sa sagesse, la salle de Las Cigarreras.
El Hadji Amadou Ndoye a été présenté par la professeur Mercedes Jabardo, professeur d’Antrhopologie de l’Université Miguel Hernández d’Elche et experte en immigration sénégalaise vers l’Espagne. Après la causerie a eu lieu l’inauguration des expositions “Face à l’Afrique” des artistes Belén Pérez et Amewa (peinture) et “Scènes du Mali” d’Elena Misó (photographie).
Ce jeudi, à partir de 19 h 00, est prévu, dans le cadre de ces mêmes journées, une table ronde sur la femme africaine, avec la participation de Dr. Jabardo avec Rita Bosaho, Siham Ater et Mohamed Badonn, outre la projection du film Zulu Love Letter. Quant au vendredi soir, les conférences des écrivains équato-guinéens Donato Ndongo et Juan Tomás Ávila Laurel, ainsi que la projection du film Touki Bouki